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« Des écritures en Patchwork »
Textes de Marcel
ALOCCO parus de 1965 à 1985
en divers périodiques ou catalogues
Publiés en recueil par les « Z’Editons » d’Alain
Amiel, à Nice en 1987
3. J.C. Farhi
Après avoir évoqué dans ses « reliefs » la
complexité de mécanisme naturel de l’univers, Farhi
entreprit le portrait d’un monde plus proche, descriptions qui
révélaient, dans la confusion des formes mécaniques
projetées sur la toile, le trouble de l’artiste face à une
organisation dont il semblait que le schéma défiait la
saisie rationnelle. En appliquant aujourd’hui sa recherche à une
fraction du problème, dans une perspective plus humaniste, il
paraît en avoir atteint le centre.
En 1967, l’efficacité de l’action est tributaire de
la machine et le retour à une société de laquelle
elle serait exclue est un rêve utopique pour esprits nostalgiques.
Dans la mesure où l’ensemble de la structure est subi, s’il
veut échapper à la réification, l’homme doit
humaniser l’objet, et particulièrement sa forme la plus
agressive : la machine.
La conscience du danger n’est pas nouvelle, mais l’attitude
pour y faire face l’est. La réaction première fut
de refuser l’objet : par autodestruction (Tinguely), en le
statufiant dans le bronze (Jasper Johns), par l’écrasement
(César) la déformation (Claes Oldenburg), l’accumulation,
la paralysie (Arman), ou encore la momification, la dissimulation (Christo,
Dietmann). Au contraire, Farhi tente de donner à la machine dont
il peint les éléments un peu de chaleur pour le regard
de l’homme, d’en faire, puisqu’elle est devenue décor
nécessaire, un décor possible. Il rompt ainsi avec le culte
terroriste dans lequel l’objet était à la fois sujet
d’adoration, de crainte et de haine : en apprivoisant, il
transcende la fonction sans la nier, démarche dont l’aboutissement
pourrait bien être, et il en est parfaitement conscient, le retour à l’origine
de l’art actuel, le simple constat sans préjuger des relations
avec l’homme, le ready-made de Marcel Duchamp.
Septembre 1966.
Catalogue Jean-Claude Farhi, Galerie Parti-pris, Grenoble.
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