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« Des écritures en Patchwork »
Textes de Marcel
ALOCCO parus de 1965 à 1985
en divers périodiques ou catalogues
Publiés en recueil par les « Z’Editons » d’Alain
Amiel, à Nice en 1987
15.
La peinture à Nice
Après les niçois du groupe "nouveau-réaliste",
l’Ecole de Nice a connu une série de pratiques dispersées
et presque toujours empiriques. Depuis quelques années au contraire
se manifeste le souci d’une pratique théorique dont on trouve
trace dans divers catalogues et dans les dossiers INterVENTION par exemple.
Si les orientations restent encore diverses, les courants d’échange
permettent des regroupements par affinités ; ainsi, si pour
Daniel Biga le travail plastique se fonde sur l’intervention sociologique
de l’écrivain (centrée sur le comportement sexuel
plus particulièrement), si les "permutations" systématiques
de Roland Flexner (et à plus forte raison ses "manipulations")
restent entachées de prémisses anecdotiques, avec Noël
Dolla, le "Groupe 70" et François Lachèze la
pratique est consciemment définie comme spécifiquement
plastique.
La salle de l’exposition rétrospective "Ecole de Nice",
présentée par Jean Ferrero, qui est consacrée à ce
courant apparaîtrait sans doute encore davantage comme un manifeste
de tendance si Lachèze n’avait sacrifié pour cette
circonstance son travail au bénéfice d’une série
d’affiches du P.C.F. sous l’inscription : "L’avant-garde ?
La voilà", et si Dolla jugeant le contexte (les "Ecoles
de Nice" des salles voisines) peu propice, n’avait limité sa
participation à l’exposé thématique de son
travail (rupture d’un "bruit de fond" de ronds par trois
ronds différents qui en structurent le champ) sur un papier 10xl0cm.
Reste le "Groupe 70" qui propose l’état actuel
de ses recherches dans lesquelles mieux que dans les notations théoriques éparses,
très fragmentaires et aux concepts souvent imprécis, on
perçoit une communauté de préoccupation appliquée
au signe-peint, aux modifications d’état plastique
(tension) et au travail sur les formats. Poursuivant son travail sur
les rapports de signes dans l’espace, Martin Miguel présente,
au sol, une construction de volumes parallélépipédiques
alternant diverses possibilités de trois couleurs arbitrairement
mises en jeu. Louis Chacallis développe le volume d’un tissu-matière
en une surface portant le projet de pliage en moitiés successives
jusqu’à réduction au 1/8ème de la surface
apparente. Sur un élément tendeur rigide (cylindre, châssis)
Serge Maccaferri pose en (dé- ) tension des lanières de
toile colorées, ici entrelacées, là simplement juxtaposées.
Les deux pièces montrées par Vivien Isnard sont complémentaires :
pigmentation d’un tissu incluant un autre tissu de format plus
petit, le tissu inclu étant ensuite réduit par découpage
et couture : apparaît entre les deux tissus simultanément
pigmentés une zone vierge, mesurant la réduction du tissu
intérieur. L’autre pièce, pour laquelle le même
travail est pratiqué sur un seul tissu, laisse apparaître,
entre le format initial et la partie réduite, un cadre de mur
irrégulier, l’encadrement extérieur en tissu subissant
sous l’effet de son propre poids une tension qui incurve vers le
bas son côté inférieur détruisant en même
temps le parallélisme des verticales. On retrouve dans les échelles
de tissu de Max Charvolen l’effet de tension ; mais ici la
prise de position dans l’espace par rapport aux rectangles de tissu
extraits de l’échelle et appliquée sur le mur (ou
un rectangle quelconque de tissu orange, en ce qui concerne la seconde
pièce montrée) oblige à une perception variable
de la relation tissu-échelle selon le point de vu adopté,
relation qui éclate le format aux limites du signe en intégrant
de manière indéterminée l’espace et le mur
porteur.
"Artpress" n°1, décembre
1972
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